L’Est républicain

Paris. Ému et stressé. Quand il a pris la parole devant l’hémicycle du Sénat pour présenter son projet de « Pizza Dep » dans le quartier de Montrapon à Besançon, Morrade Hakkar a eu la voix qui a un peu bafouillé. Pourtant, des combats, l’homme en a menés. Sur les rings de boxe et dans la vie… Double champion d’Europe, vice-champion du monde : son palmarès à lui seul impose le respect. Samedi matin, pour la remise nationale des prix du concours Talents des cités, en présence du ministre de la Ville, Patrick Kanner, et du vice-président du Sénat, Hervé Marseille, il a reconnu avoir été « très impressionné ». D’abord, c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans les locaux prestigieux de la Haute Assemblée. Mais le Bisontin a aussi soudainement ressenti, comme tous les lauréats d’ailleurs, toute la pression de l’honneur et de la reconnaissance ainsi témoignés.

À 43 ans, il lui a fallu expliquer, en quelques mots, le défi auquel il est aujourd’hui confronté : celui de la reconversion et de l’apprentissage d’un nouveau métier après une carrière sportive de haut niveau. « Ce prix montre que l’on peut apprendre à tout âge. Que l’on peut toujours progresser » a-t-il confié en ayant une pensée pour ses deux enfants (un garçon et une fille) de 13 et 5 ans.

Un garage solidaire pour lutter contre l’exclusion

Apprendre, mais également aider les gens de son quartier, c’est aussi ce qui a motivé Aziz Baaiz quand il a eu l’idée, il y a un peu plus d’un an, de créer le « Garage solidaire » dans le quartier de Planoise.

Ingénieur dans les travaux publics, il avait jusqu’à présent travaillé dans le privé ; en France et à l’étranger. Mais, là, devant le nombre de personnes ayant des difficultés pour acheter ou faire réparer leurs véhicules, il a eu comme un « déclic ». D’abord, il a créé un centre de formation (le CFEI). Puis, il s’est fixé pour objectif de monter ce garage composé de 5 « permanents » et de 6 ou 8 personnes en situation d’insertion et de réinsertion professionnelle. Le « Garage solidaire » n’ouvrira officiellement qu’en janvier 2016. Mais, d’ores et déjà, il a convaincu le jury puisque le Bisontin de 39 ans fait partie, cette année, des douze lauréats nationaux. « Un grand moment de fierté » a-t-il confié.

Fières, mais aussi enthousiastes et atypiques, les sept jeunes Bisontines de « l’Association pour la reconnaissance des traditions européennes » l’étaient également. Et c’est sans doute ce qui a retenu l’attention du jury comtois pour la catégorie Emergence. Et pourtant, il y a trois ou quatre ans, elles étaient encore en Russie, en Ukraine ou en Biélorussie. Toutes se sont retrouvées dans la capitale comtoise pour des raisons différentes (familiales, études ou projet personnel). L’une d’entre elles, Anastassia, était même encore en situation d’asile politique il y a quelques mois. Mais cette nouvelle vie, quelque part, leur a aussi montré combien on pouvait avoir une histoire commune. D’où des expositions, des concerts, des conférences…

Et même une demande en mariage…

« Esprit d’entreprise, sens de la solidarité, capacité d’intégration » : Patrick Kanner n’a manqué de rappeler que le concours Talents des cités, 14e du nom cette année avec ses 470 dossiers (dont 46 % provenant de femmes), c’était tout ça à la fois.

D’ailleurs, ce sont deux femmes qui ont obtenu le grand prix et le prix d’honneur cette année. Un lauréat sénégalais a même profité du cadre et de l’occasion pour demander sa fiancée en mariage. Du haut de l’hémicycle, elle a répondu « oui » sous un tonnerre d’applaudissements. C’est aussi ça, les « Talents des cités ».

http://www.estrepublicain.fr/edition-de-besancon/2015/10/26/la-franche-comte-bien-representee-a-la-remise-des-prix-talents-des-cites

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